[Podcast] Innovation et Territoires – Mathieu Cura x Schneider Electric

[Podcast] Innovation et Territoires – Mathieu Cura x Schneider Electric

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Mathieu Cura Innovation et Territoires

Dans ce podcast, Mathieu Cura, co-fondateur d’Optimistik, nous éclaire sur l’importance de démocratiser la data dans l’industrie pour en faire un outil au service de la performance. En quoi la data et la circulation de l’information sont au coeur de la transformation énergétique ? Comment les données contribuent à l’augmentation des performances industrielles ? Ou encore, quelles sont les clés pour intégrer facilement la data auprès de ses équipes ?

Laurent : Mathieu, tu es le co-fondateur d’Optimistik, un éditeur de solutions logicielles pour l’industrie. Nous sommes ici au Mix-E, le salon dédié au mix énergétique bas carbone dans lequel s’inscrit la transition digitale dans les usines. Pour commencer et mieux comprendre notre sujet, est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur l’activité d’Optimistik ?

Mathieu : On est éditeur de solutions logicielles à destination de l’industrie, et plus précisément de l’industrie de procédés. On entend par industrie de procédés toutes les industries qui transforment la matière comme la chimie, la pharma, l’agroalimentaire, la métallurgie par exemple. Notre vocation c’est de démocratiser l’usage de la donnée dans l’usine en simplifiant son utilisation pour ceux qui ont besoin de la donnée au quotidien.

« Notre vocation c’est de démocratiser l’usage de la donnée dans l’usine en simplifiant son utilisation pour ceux qui ont besoin de la donnée au quotidien. »

Laurent : On constate fortement que transition énergétique va de paire avec la transition digitale. Toi qui es dans l’analyse des données, tu es au coeur de cette transformation. Finalement, en quoi la digitalisation et le traitement de la donnée mènent à la transition énergétique ?

Mathieu : Je pense qu’il y a plusieurs aspects sur ce sujet. Tout d’abord il y a le sujet de la sobriété, au niveau énergétique et également matière première. Les deux sont critiques aujourd’hui. La sobriété peut se travailler uniquement si l’on a les bonnes informations pour pouvoir prendre les décisions en temps réel dans les ateliers, pour pouvoir optimiser les procédés de production et réduire leur empreinte sur les consommations d’énergie, de matières premières.

Laurent : Consommer ce qu’il faut pour ce qu’il y a à faire, et pas plus ni moins.

Mathieu : Voire moins ! Il y a un deuxième aspect qui est, quand on parle de transition énergétique on parle aussi de changer de façon plus radicale les manières de produire, et pour réussir à changer ça veut dire qu’il faut innover dans les processes de production. Et pour innover il faut bien connaître ces procédés existants. À ce niveau là, la data, l’information, sont également des éléments importants pour pouvoir préparer cette transition.

Laurent : On parle d’industrie du futur, finalement ce que je comprends c’est que la transformation digitale dans les usines est essentielle pour construire l’industrie du futur. Concrètement quelles sont les solutions que tu proposes chez Optimistik ?

Mathieu : Chez Optimistik, on propose une solution qui s’appelle OIAnalytics, qui est une solution qui va permettre de collecter la donnée, de la structurer par rapport au métier de nos clients et ensuite de la mettre à disposition des différents utilisateurs au travers d’Apps Métier qui répondent à tout un tas d’usages récurrents dans les usines de nos clients.

Laurent : Des solutions logicielles donc à destination de la collecte et du traitement de données. Dans quel but ? Et finalement qu’est-ce que ces solutions apportent aux usines si on devait rentrer dans des exemples concrets ?

Mathieu : Concrètement, le premier but c’est de donner l’information pour piloter au mieux l’usine, prendre les bonnes décisions. Mais si on va un cran plus loin, le vrai sujet c’est comment on fait pour que les équipes opérationnelles s’approprient ces solutions et soient en mesure de les utiliser au quotidien. Et là il y a un vrai enjeu. C’est à dire que si on veut réellement faire cette transition digitale, c’est pas uniquement des data scientists dans un coin de l’entreprise qui vont faire de la data, mais plutôt comment on démocratise l’usage de cette data, de l’opérateur en passant par le technicien, à l’ingénieur voire même à la direction de production. Donc c’est ça notre vocation chez Optimistik.

« Si on veut réellement faire cette transition digitale, c’est pas uniquement des data scientists dans un coin de l’entreprise qui vont faire de la data, mais plutôt comment on démocratise l’usage de cette data. »

Laurent : On parlait de data scientists, qui sont certainement essentiels, mais pas uniquement parce que s’il n’y a pas l’ensemble de l’entreprise qui a pris conscience que cette transformation digitale est en marche, ça ne peut pas marcher si les équipes opérationnelles ne sont pas impliquées.

Mathieu : C’est exactement ça. Qui dit transformation ne dit pas juste une expertise à un endroit. C’est vraiment : ça transforme la manière de travailler dans l’industrie.

Laurent : Revenons sur la question principale : qu’est-ce que ces solutions apportent aux usines ? J’entends souvent parler de l’augmentation de la performance industrielle. La data contribue à cela ? Vraiment ?

Mathieu : Clairement. On travaille sur différents axes. On va travailler aussi bien sur la qualité du produit, comment on maîtrise la qualité du produit, que sur la maîtrise de la performance du process. Et là il y a plusieurs axes : la productivité, qui était un sujet relativement pré-pondérant jusqu’à il y a peu. Mais aujourd’hui avec l’envolée des cours des matières premières, de l’énergie, mais également cet enjeu environnemental auquel on fait tous face, il faut bien travailler sur l’efficience des processes. C’est à dire comment on consomme moins de matière première, moins d’énergie. On balaie en fait l’ensemble des sujets de la performance industrielle grâce à la data.

Laurent : Souvent j’entends quand même que les données brutes, ou trop de données, sont parfois inutiles. C’est une réalité ?

Mathieu : C’est exactement ça, la donnée en soi n’a aucun intérêt. Ce qui compte c’est l’information métier qui permet de prendre les décisions. C’est là où l’on intervient. Dès que l’on parle de système d’information on imagine tout de suite des projets qui sont longs, où les ROI (retours sur investissement) arrivent 2 / 3 ans après, c’est là où l’on cherche à changer la donne. C’est à dire faire des projets courts, qui se comptent en quelques semaines voire 2 / 3 mois, et qui permettent d’avoir des ROI rapides.

« La donnée en soi n’a aucun intérêt. Ce qui compte c’est l’information métier qui permet de prendre les décisions. »

Laurent : Un peu « quick-win », les victoires, les résultats, rapides ?

Mathieu : Oui, et surtout arriver à cette transition et cette adoption par le terrain de l’usage de la data rapidement. Il faut imaginer, si vous avez deux data scientists dans un coin qui font de la data comparés à 100 personnes sur le site, si vous outillez 100 personnes et que ces 100 personnes vont bénéficier de l’usage de la data, on imagine que l’on va beaucoup plus vite que deux personnes qui travaillent sur le sujet.

Laurent : Il y a quand même une donnée importante, quand on parle de donnée digitale, il y a un vrai sujet central autour de la cybersécurité. Quand on est une entreprise qui met en place des solutions logicielles comme OIAnalytics, comment on gère cette question auprès de ses clients, notamment sur la question des données ?

Mathieu : La cybersécurité est un sujet comme la qualité qui se travaille, il faut de la méthode, il faut de la technique. Donc qu’est-ce que l’on fait ? On met en place les bonnes pratiques, on travaille avec des sociétés externes qui nous auditent de manière à avoir des tiers de confiance qui vont pouvoir fournir les certificats, etc., à nos clients pour les rassurer, mais également un côté très important qui est comment on s’organise en interne avec des procédures. En cybersécurité la plupart des attaques jouent sur les facteurs humains, comme en sécurité classique dans une usine, et donc le travail c’est une culture autour de la sécurité de la data dans l’entreprise pour assurer les meilleurs niveaux de sécurité à nos clients. Des bonnes pratiques de l’usage des mots de passe, de la technologie… Depuis le premier jour de l’entreprise on a mis en place les bonnes pratiques et on les adapte au fur et à mesure de l’évolution des risques, qui aujourd’hui sont clairement importants vu le contexte.

Laurent : Vous êtes vraiment spécialisés sur les questions logicielles, mais finalement plus que sur la technologie c’est l’humain, sur les équipes opérationnelles, que vous mettez l’accent. C’est indispensable aujourd’hui ? L’humain est au coeur de la transformation ?

« Ce qui fait la force d’une usine, ce sont les Hommes : les connaissances, les compétences, les savoir-faire. »

Mathieu : Moi je viens de l’industrie. J’étais en poste opérationnel pendant une dizaine d’années dans l’industrie. Clairement ce qui fait la force d’une usine ce sont les Hommes : les connaissances, les compétences, les savoir-faire. Ce qu’on fait avec la data chez Optimistik c’est d’amener des outils, de l’information, à ces hommes et ces femmes qui font la performance industrielle au quotidien dans l’usine, pour qu’ils puissent faire leur travail plus vite, de manière plus efficace. Il y a un enjeu énorme pour l’industrie aujourd’hui, c’est que les expertises métier autour de l’industrie sont très rares. La question n’est pas de réduire le volume d’experts nécessaires mais plutôt de tirer le meilleur parti de ce qu’il est possible de faire sur une usine avec ceux qui sont disponibles. Si on accélère le travail sur l’usage de la data pour ces hommes et ces femmes, on a gagné.

« […] les expertises métier autour de l’industrie sont très rares. La question n’est pas de réduire le volume d’experts nécessaires mais plutôt de tirer le meilleur parti de ce qu’il est possible de faire […]. »

Laurent : C’est aussi une histoire de confort de travail ?

Mathieu : Clairement. On a des clients qui ne souhaitent surtout pas revenir en arrière après l’implémentation de nos solutions. Il faut imaginer que la data dans l’usine, jusqu’à il n’y a pas si longtemps – et c’est encore le cas dans beaucoup d’usines – c’est compiler de la data, les mettre dans des fichiers Excel, passer des heures à essayer de rabouter des données qui viennent de différentes sources, etc., c’est un travail fastidieux, qui a peu de valeur ajoutée. Les équipes qui font ça, que ça soit des techniciens, des ingénieurs, si vous leur enlevez cette partie là ils sont ravis.

Laurent : Mathieu, si tu avais des conseils à donner à une entreprise, à une usine, qui veut se digitaliser, qui veut traiter sa data pour en faire quelque chose qui va accélérer sa production, rendre le travail confortable, par quoi il faut commencer ?

Mathieu : La première chose c’est d’envisager le projet en embarquant le terrain. Au final c’est eux qui vont l’utiliser et donc la question c’est en quoi la data va leur apporter quelque chose à eux au quotidien. Écouter les équipes, voir où il y a des épines dans le pied autour de ces sujets et qu’est-ce qu’il leur manque aujourd’hui comme information pour bien travailler. Ça c’est le point numéro un. Le deuxième point, c’est de ne pas chercher à réinventer l’eau chaude. Il y a des industriels qui cherchent à développer des solutions en interne, ils passent des budgets énormes, un temps infini, pour au bout de quelques années se dire : « on n’est pas arrivé au résultat ». Regardez ce qu’il se fait sur le marché, il y a des solutions qui existent en fonction de vos métiers, et qui vous permettent d’aller beaucoup plus vite et d’avoir des résultats qui vont tout de suite avoir un impact. À la fois sur la compétitivité de votre entreprise mais également sur son efficience au niveau environnemental.

« […] il y a des solutions qui existent en fonction de vos métiers, et qui vous permettent d’aller beaucoup plus vite et d’avoir des résultats qui vont tout de suite avoir un impact. »