La performance matière dans l’agro-alimentaire
Flux matière dans l’agro-alimentaire : comment la donnée permet d’améliorer sa performance ?
Dans les activités comme l’agro-alimentaire, la matière première est un élément prépondérant du coût de production. En parallèle, la prise de conscience autour du gaspillage se généralise, et la bonne utilisation de la matière première devient un axe fort des démarches RSE des entreprises. Il est donc primordial de traiter le sujet de la performance matière.
Qu’est-ce que la performance matière ?
Si l’on s’intéresse aux flux matière, le plus simple pour identifier les axes de travail est de commencer par une cartographie des flux.
Les destinations de la matière première sont multiples et il est possible de les classer au regard de leur niveau de valorisation.
- Le ou les produits finis valorisés commercialement.
- Les productions non conformes, qui peuvent soit être valorisées avec une décote, soit être recyclées moyennant un surcoût, soit terminer en déchets non valorisés.
- Les coproduits, produits de manière mécanique en même temps que les produits et pouvant être valorisés.
- Les effluents, rejets et autres pertes. Soit l’ensemble des autres flux qui ne seront pas valorisés.
Sur cette base, l’objectif est de maximiser la valorisation du flux de matière première en produits finis et coproduits.
Où aller chercher la performance matière ?
Pour améliorer la performance matière, il est nécessaire de travailler à différents niveaux :
Sur les produits finis
Le risque de perte matière sur les produits finis peut provenir de plusieurs aspects :
- Une mauvaise maitrise des poids lors du conditionnement : une trop grande variabilité constatée sur le poids conduit à viser un poids plus haut pour répondre aux exigences réglementaire, avec pour conséquence immédiate d’augmenter la matière consommée pour un poids commercial donné.
- La composition du produit fini : mal maitrisée, elle conduit à consommer trop de matière première pour respecter les compositions minimales des spécifications du produit, ou à faire de la sur-qualité (par exemple si le taux de matière grasse / matière protéique est mal maitrisé dans le cas des produits laitiers, il faudra consommer plus de lait).
- Enfin, les non-qualités : les produits non conformes, soit recyclés (et dans ce cas génèrent des pertes du fait du rendement du retraitement), soit valorisés à un prix moindre sur le marché, soit perdus comme déchets.
Sur le mix produits / coproduits
En fonction du niveau de valorisation des différents produits et coproduits, et sous réserve que cela soit possible à la fois techniquement et du point de vue marché, il peut être intéressant de travailler sur le mix produits / coproduits et déterminer le meilleur point de fonctionnement pour maximiser la valorisation de la matière.
Sur les étapes unitaires du procédé
En travaillant sur un bilan matière du procédé, il est possible de tracer la performance matière de chacune des étapes unitaires, atelier, ligne en mesurant les rendements ou les pertes matières. De cette matière il sera possible d’identifier les pertes liées : à la dégradation du produit, aux lavages et fuites matières qui se retrouvent dans les effluents…
Sur la matière première elle-même
Les matières agricoles ont toutes une certaine variabilité de composition plus ou moins grande. La mesure et le suivi de ces compositions est critique pour que les matières premières soient comptabilisées à leur juste valeur.
Dans ce contexte, que peut apporter la donnée pour la maîtrise des flux matière ?
Mesurer et visualiser les flux, pertes et rendements
Comme la performance commence par la mesure, le fait de collecter et traiter les données relatives aux flux matières en continu (dont les éléments de traçabilité et de généalogie) va permettre de mettre en place les métriques pour suivre de manière fine la performance matière :
- Bilan matière avec l’ensemble des flux mesurés.
- Quantification et visualisation des flux de pertes.
- Quantification des rendements matière sur toutes les phases du procédé.
En mettant ces informations à dispositions des équipes, en continu et sans effort de préparation, elles seront beaucoup plus sensibilisées à ces sujets et en mesure de réagir rapidement aux éventuelles dérives. En complément, un accès simplifié aux données des paramètres du procédé leur permettra de faciliter leurs investigations et d’alimenter le processus d’amélioration continue et de recherche des causes profondes des dérives.
Identifier les paramètres critiques pour réduire les pertes et optimiser les rendements
Grâce aux outils d’analyse (Machine Learning), il est possible d’identifier beaucoup plus rapidement les paramètres corrélés avec les rendements et les pertes matières pour ensuite les mettre sous contrôle. La donnée vient ainsi en support d’une démarche de 6-Sigma pour mettre sous contrôle les procédés.
Mettre sous contrôle les paramètres critiques
Pour poursuivre dans la logique de la démarche 6-Sigma, la donnée permet de mettre en place de manière exhaustive et efficace des cartes de contrôle sur les paramètres critiques (y compris les poids et compositions des produits finis). La donnée permet de mettre en place des cartes de contrôle générées automatiquement, avec des notifications en cas de dérive selon les règles classiques du SPC, en substitution des cartes de contrôle papier. Elles peuvent être ainsi déployées à une plus grande échelle et assurer un suivi plus fin des procédés.
De la même manière, il va être possible, au travers d’approches du type Bon du Premier Coup, de mettre en place les contrôles permettant de réduire drastiquement les non-conformités et les pertes matières liées.
Ce qu’il faut retenir :
- Construire et mettre à disposition en continu les métriques liées à la performance matière pour un pilotage temps court dans les ateliers.
- Utiliser la donnée et la digitalisation comme facteurs d’efficacité pour mettre en œuvre les méthodes d’amélioration continue et de maitrise des procédés au service de la performance matière.
Auteur : Mathieu Cura